La mélancolie des rideaux

Elle voulait écrire le point final de sa vie.  C’était prévisible, pensaient-ils. Ce qui ne l’était pas, c’était qu’elle se rate. Elle respirait. Elle avait la bouche grande ouverte. Elle dormait, ont-ils sans doute songé. Mais son visage avait quelque chose de changé. Des rides plus marqués. Un teint plus pastel, dans un lit trop bien fait.

C’est ainsi que tout bascula. Dans la brume de l’humeur matinale, il s’était préparé une tasse remplie de lait aux trois quarts. Il y avait ajouté, comme chaque matin, 2 cuillères de Chicorée et 1 morceau de sucre. Il touillait sa tasse tiède, à peine sortie d’un micro-ondes de seconde main. C’est alors qu’il avait machinalement saisi son téléphone. Les nombreux appels manqués d’A*** et Au**** parlaient d’eux même. Il fixait le meuble situé devant lui, le regard vide, presque creux. On aurait dit qu’il songeait, mais il ne pensait à rien. Il encaissait, c’était toujours comme ça. Jusqu’à ce que l’ascenseur émotionnel ne le ramène à lui. Alors les larmes coulaient. Elles filaient sur ses joues boudinées de la nuit, et ses yeux ne clignaient pas. C’était silencieux, d’une tristesse pure et lourde.